La crise libyenne connait un nouveau revirement depuis le retour du Congrès National Général sur le devant de la scène politique. En effet, le gouvernement issu dudit Congrès et présidé par Khalifa Ghouil a été chargé courant octobre 2016, par une partie dudit congrès, de reprendre à nouveau ses activités dans ses anciens locaux, ceux-là mêmes qu’il a réussi à reprendre au Conseil Supérieur de l’Etat qui les lui avait confisqués au mois de juillet dernier. Cela ne peut signifier dans la situation politique du pays que davantage de division et d’émiettement.
Le maréchal Khalifa Haftar s’est assuré la mainmise par l’armée sur l’Est libyen avant de s’emparer, il y a trois semaines, des ports du croissant pétrolier. La population assure que l’armée nationale libyenne est en voie de rétablir l’autorité de l’Etat sur la région. Les groupes armés ont disparu de la circulation.
La souffrance continue pour les familles des victimes et disparus en Libye, dont le nombre a atteint environ 5 milles selon les chiffres du comité général des familles des martyrs et des disparus. Ces familles ont affirmé, lors de leur participation à la journée mondiale des disparus, le 30 août, que leur peine se poursuit, surtout avec l’ignorance des autorités compétentes de ces dossiers.
Le maréchal Haftar domine désormais tous les ports du croissant pétrolier en Libye. Il a remis leur gestion à l’entreprise nationale du pétrole. Une large frange de Libyens soutient l’éloignement des milices de Jadhrane des champs pétroliers. Tripoli et la communauté internationale sont obligés de composer avec la nouvelle donne.
Le conflit interne en Libye entre la tendance conservatrice nationale, incarnée par la majorité des tribus de Benghazi et celles de Zentane, d’une part, et les représentants de l’Islam politique (frères musulmans et autres), d’autre part, a laissé sa trace non seulement à l’intérieur de la Libye mais, également sur les frontières. La présence massive des armes et les allégeances multiples des tribus libyennes ont compliqué davantage une situation déjà dangereuse. Les actions des groupes armés en Tunisie sont en étroite liaison avec les armes en provenance de Libye ou les groupes armés installés en Libye, qui ont entrainé les auteurs des attentats en Tunisie.
Les forces loyales au gouvernement Sarraj sont désormais à l'intérieur de la ville de Syrte, après un mois de combats. Les sympathisants de Daech ne contrôlent plus que le quartier central de la ville abritant leurs institutions. Les interrogations s’amplifient sur les conséquences des attaques contre Daech à Syrte, Derna, Sabratha et, même, Tripoli.
Les forces spéciales britanniques ont aidé les forces de Misrata à reprendre les localités occupées une quinzaine de jours par Daech, au début de mai 2015 et avancer vers la ville de Syrte, chef-lieu de l’EI en Libye. Les combattants de l’EI ont essuyé de lourdes pertes dans ces combats.
La guerre sans merci et l’anarchie généralisée qui secouent la Libye ont eu de lourdes conséquences sur la vie quotidienne des habitants, notamment en ce qui concerne le transport, la santé et l’approvisionnement en produits de base. C’est l’est du pays qui paie le plus lourd tribu de cette guerre. En effet, depuis plusieurs mois, il n’y a plus d’électricité, de même que l’instabilité qui persiste rend la vie pénible.
Il est vrai que les groupes armés ralliés à ce qu’on appelle l’organisation de l’Etat Islamique (DAECH) ont quitté Derna depuis l’été 2015 et ses alentours à la mi-avril 2016. Mais les dirigeants de la ville pourront-ils pour autant garantir un retour au calme et un déroulement normal de la vie quotidienne, en l’occurrence, la reprise des études pour tous les jeunes, filles et garçons ?
Malgré une accalmie prudente qui règne en Libye, quelques jours après l’entrée du conseil de la présidence du gouvernement de Fayez Al Sarraj à Tripoli, les Libyens ainsi que leurs voisins demeurent préoccupés quant à l’évolution des évènements dans les prochains jours.
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